• Texte de Colette :

    " Quand je l’ai connue, elle gîtait dans un vieux jardin noir, oublié entre deux bâtisses neuves, étroit et long comme un tiroir. Elle ne sortait que la nuit, par peur des chiens et des hommes, et elle fouillait les poubelles. Quand il pleuvait, elle se glissait derrière la grille d’une cave, contre les vitres poudreuses du soupirail, mais la pluie gagnait tout de suite son refuge et elle serrait patiemment sous elle ses maigres pattes de chatte errante, fines et dures comme celles d'un lièvre.

    Elle restait là de longues heures, levant de temps en temps les yeux vers le ciel, ou vers mon rideau soulevé. Elle n'avait pas l'air lamentable, ni effaré, car sa misère n'était pas un accident. Elle connaissait ma figure, mais elle ne mendiait pas, et je ne pouvais lire dans son regard que l'ennui d'avoir faim, d'avoir froid, d'être mouillée, l'attente résignée du soleil qui endort et guérit passagèrement les bêtes abandonnées.

    Février vient, et le vieux jardin ressembla, derrière sa grille, a une cage pleine de petits fauves. Matous des caves et des combles, des fortifs et des terrains vagues, le dos en chapelet, avec des cous pelés d'échappés à la corde - matous chasseurs, sans oreilles et sans queue, rivaux terribles des rats - matous de l'épicier et de la crémière, allumés et gras, lourds, vite essoufflés, matous noirs à collier de ruban cerise, et matous à collier de perles bleues....

    La bourrasque tragique et voluptueuse se calma enfin. Je revis la chatte grise, étique, décolorée, plus farouche que jamais et tressaillant à tous les bruits. Dans le rayon de soleil qui plongeait à midi au fond du jardin noir, elle traîna ses flancs enflés, de jour en jour plus lourds - jusqu'au matin humide où je la découvris, vaincue, fiévreuse, en train d'allaiter cinq chatons vivaces, nés comme elle sur la terre nue. "


    ( Extrait de  La paix chez les bêtes )  

     

    Texte de Colette :  

     

    « A l'approche de l'hiver ....... Les dangers de Noël pour le chat : »

  • Commentaires

    1
    Mercredi 2 Décembre 2015 à 11:36

    Coucou Marie

    Un très beau texte... Colette est l'une de mes auteurs préférés...

    Bises félines

    Béa kimcat

    2
    Mercredi 2 Décembre 2015 à 16:54

    Quel beau texte ! Comme Béa , j'aime beaucoup ce qu'écrivit Colette .

    Ronrons des fées à moustaches et bises

    3
    Mercredi 2 Décembre 2015 à 20:04

    Moi aussi, Colette est l'une des mes auteurs préférées yes

    4
    Nicole
    Jeudi 3 Décembre 2015 à 18:31

    Ah Colette et les chats !

    Une bonne raison de l'aimer, elle les adorait !

    Nicole 

    5
    Christine et Nina
    Samedi 5 Décembre 2015 à 10:18

    Merci Marie pour ce beau partage Colette femme blessee et si sensible au monde animal ❤️

    Le monde humain échappe à Colette. Plus cruel que celui, innocent de l’animal.

    gros bisou et bon week end Marie caresses a Callis bisou a ton petit prince

    6
    Dimanche 6 Décembre 2015 à 17:42

    J'ai réussi à mettre ton blog en lien sur mon nouveau blog. Bisous Claudia ***

    7
    Dimanche 6 Décembre 2015 à 18:14

    Merci Claudia cool 

    Bises,

    Marie, 

    8
    Mardi 8 Décembre 2015 à 11:43
    Sara

    Je suis trè emue, j'ai pleuré...quel beau relat qui laisse un mal goût à la bouche...

    Cependant merci pour la beauté qqu'il ferme. J'adore colette, mais je ne connaissais ce livre, je vais le chercher.

    gros bisous.

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